Le mécénat de compétences comme porte-étendard de l'engagement des employés

Échanges aux Rencontres Benevity sur les bonnes pratiques pour avoir de l'impact avec un programme de mécénat de compétences

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Le mécénat de compétences fait beaucoup parler de lui depuis quelques années. C’est un dispositif juridique et fiscal de plus en plus courant dans les pratiques RSE et d’engagement des employés des entreprises. Il permet de mettre à disposition des collaboratrices et collaborateurs sur leur temps de travail pour soutenir des organisations d’intérêt général.

D’après le baromètre du mécénat de compétences, 30 % des entreprises envisageraient de proposer le mécénat de compétences à leurs employés, un chiffre qui est en hausse, et 83 % des associations estiment que le mécénat de compétences joue un rôle structurant dans leur organisation. Une étude de l’Alliance pour le mécénat de compétences précise aussi que 66% des français trouvent légitimes que les entreprises proposent aux collaborateurs de s’engager, ce chiffre grimpant à 83% chez les moins de 35 ans.

Lors des Rencontres Benevity 2022, nous avons fait le point sur cette pratique avec le média Carenews, l'entreprise Servier et l'organisation Pro Bono Lab. Retour sur les grandes lignes de cette discussion.

Les tendances du mécénat de compétences

  • Une évolution rapide

Le mécénat a connu un essor rapide et progresse plus vite que bien d’autres dispositifs d’engagement. Et pour cause, les différentes parties prenantes y trouvent toutes des avantages non négligeables. Des ressources structurantes pour les associations. Une quête de sens et d’un sentiment d’utilité pour les employés, dont l’accomplissement est encouragé et facilité par l’employeur. Des enjeux d’entreprise en matière de gestion des ressources humaines, d’attraction et de rétention des collaborateurs.

  • Un engagement à la carte

Le mécénat de compétences est multifacette. Il peut prendre à peu près toutes les formes : individuel, collectif, ponctuel, sur la durée, sur sa force de travail, avec son savoir-faire personnel, avec son expertise professionnelle, pour accompagner la fin de carrière et ainsi de suite... Cela se traduit par des formes d’engagement très diverses, mais cela multiplie aussi le besoin de trouver une formule qui ait réellement de l’impact.

  • Un mécénat de compétences toujours plus technique

Quand on parle de mécénat de compétences qui reposent sur les compétences métiers, on remarque qu’il devient de plus en plus technique. On va faire appel à un expert-comptable, à un informaticien, à une aide juridique très pointue. Ce sont évidemment des ressources infiniment précieuses pour les associations.

Les bonnes pratiques pour viser l’intérêt général

 « Ce qui m’a permis de mobiliser plus de collaborateurs, c’est de répondre à la quête de sens. Quelles que soient les missions effectuées, à chaque fois, ils reviennent avec des étoiles dans les yeux. Pourquoi ? Parce qu’ils ont le sentiment d’être utiles. »
— Corinne Massin,Directrice du mécénat, Déléguée générale du Fond de dotation, Mécénat Servier

Mais alors, quelles bonnes pratiques pour s’assurer que les collaborateurs et collaboratrices se sentent utiles, mais surtout qu’ils le soient vraiment ?

  1. Passer les besoins RH au second plan pour prioriser les besoins d’intérêt général

Il ne s’agit pas de rentrer dans une dynamique de prestation, mais bien de répondre à des nécessités réelles et contribuer véritablement. Aux prémices du programme, il faut se demander « pourquoi » ? Quelles sont les motivations profondes et les buts à atteindre ? Qui est-ce que l’on souhaite aider et quelle solution cherche-t-on à apporter ?

  1. Le mécénat de compétences doit s’imbriquer à l’intérieur de la stratégie RSE

Le dispositif ne doit pas être séparé du reste de l’approche RSE de l’entreprise. Au contraire, il faut penser la cohérence de toute la stratégie d’engagement pour que cela ait du sens.

« Pour rendre très concrète la RSE de l’entreprise, sa vision et ses valeurs, il fallait que ce soit portée par les salariés eux-mêmes. »
— Corinne Massin,Directrice du mécénat, Déléguée générale du Fond de dotation, Mécénat Servier

Il faut aussi appréhender le mécénat de compétences comme un partenariat global et long terme avec les associations. Le mécénat de compétences n’est pas isolé, il peut être le début ou la continuité de quelque chose. Du côté de l’employé, c’est aussi l’idée de planter des graines pour pérenniser l’engagement. Au retour de mission, il faut réussir à prolonger le momentum et questionner le collaborateur ou la collaboratrice sur ses motivations : ont-ils envie de se réengager ? Comment pouvez-vous les outiller pour faire perdurer l'engagement ? Est-ce que cette première expérience d'engagement sur le temps de travail leur a donné envie de poursuivre sur leur temps personnel ?

  1. Il faut co-construire le mécénat de compétences

Il est évidemment primordial d’impliquer toutes les parties prenantes en interne, et ce dès le début. Les leaders doivent bien sûr apporter leur soutien, mais il ne faut pas oublier les cadres intermédiaires. C’est eux qui devront être convaincus du bien-fondé pour libérer du temps à leurs équipes et les encourager à participer au programme. Et bien entendu, il faut inclure les collaborateurs et collaboratrices dans le processus de mise en place du mécénat de compétences. Quelles sont les causes importantes à leurs yeux ? Quelles compétences ont-ils à mettre à profit ? Quelle forme d’engagement correspond aux équipes et aux individus ?

Une fois l’interne conquis, il faut aussi, et surtout, co-construire avec les associations. Elles doivent être au cœur du projet. Il faut les sonder et aller chercher à la source les besoins pour construire un dispositif qui ait de l’impact.

  1. S’outiller et prévoir des ressources

Pour certaines entreprises, cela se traduira par un besoin technologique pour supporter le dispositif.

« Quand nous avons interrogé les grandes entreprises sur la gestion de leur mécénat de compétences, nous avons découvert que 54 % des répondants avaient une plateforme de gestion spécifique. Ces outils récents se sont imposés très vite dans les grands groupes, signe que nous sommes dans une phase d'investissement. Les budgets liés à l'engagement progressent, ce qui nécessite davantage de suivi, permettant de fixer des objectifs chiffrés. Le mécénat de compétences bénéficie de cette dynamique. »
— Guillaume Brault, Cofondateur et président, Carenews 
  1. Anticiper la mesure d’impact

Puisqu’il y a autant de formes de mécénat de compétences que de missions réalisées, il faut penser la mesure d’impact en amont. Les façons de le quantifier seront par nature très variées. Encore là, attention à interpréter le succès à travers tous les prismes : celui de l’entreprise, de l’employé et de l’association. Et évidemment, l’impact se mesure sur l’intérêt général et n’est pas nécessairement corrélé aux nombres de participants. Il faut assurément considérer l’engagement des collaborateurs et collaboratrices comme un moyen et non comme un but.

Pour aller plus loin : télécharger ce guide sur le mécénat de compétences

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Rééquilibrer le rapport de force entre le monde associatif et corporatif

Nos panélistes ont été unanimes : les disparités sont nombreuses entre l’entreprise et l’association. Pour qu’elles travaillent ensemble à avoir de l’impact dans la communauté, il faut travailler durablement à créer des ponts.

« Le monde de l’entreprise et le monde associatif, ce n’est pas du tout la même chose. On n’a pas les mêmes réalités, on n’a pas les mêmes impératifs, on ne fonctionne pas de la manière. Alors si on veut se comprendre, c’est hyper important de s’écouter, d’essayer de se mettre à la place de l’autre et de comprendre. Prenez le temps d’échanger, de partager vos réalités. Quand on est transparents, ça marche. »
— Elsa Chaucesse, Directrice Impact, communautés et communication, Pro Bono Lab

Car, en effet, il est facile de tomber dans le piège du rapport de force. Les entreprises qui mettent en place le mécénat de compétences, souvent de gros groupes, ont une force de frappe ébranlante face à un milieu associatif parfois encore fragile. Les associations peuvent aussi avoir le sentiment qu'elles "doivent" quelque chose à l'entreprise qui les soutient. Pourtant ce n’est pas une relation d’accompagné et d’accompagnant qui doit se mettre en place. Les deux milieux ont tout à apprendre l’un de l’autre pour faire la différence ensemble dans la société.

Et si l’écoute et l’échange sont parfois difficile, il faut savoir s’en remettre à ceux dont c’est le métier pour faciliter la rencontre des deux mondes.

« Il faut s’appuyer sur des intermédiaires. On est sur des structures de natures tellement différentes que c’est difficile de faire les bons partenariats. C’est important de s’appuyer sur des Pro Bono Lab qui font un travail fantastique, sur des Alliances du mécénat de compétences qui apportent des chiffres et des arguments pour faire avancer vos dossiers ou sur des plateformes d’engagement comme Benevity qui permettent aussi d’avoir une base de ressources et des modes opératoires »
— Guillaume Brault, Cofondateur et président, Carenews 

Pour aller plus loin : en savoir plus sur la façon dont la technologie peut propulser des programmes de volontariat

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Lors de l’événement, nous avons pu entrer plus en détails dans l’expérience de l’entreprise Servier et avoir les éclairages de Carenews et Pro Bono Lab, experts du domaine. Nous vous avons retracé en quelques lignes quelques-uns des apprentissages qui ont découlé de cette discussion. N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions.

Envie de poursuivre ces discussions et de les vivre en personne ? Participez aux prochaines Rencontres Benevity.