Communautés d’employés : nouveau modèle d’engagement et d’inclusion ?

Regards croisés de Criteo et Makesense sur cette mouvance de l'entreprise à l'occasion des Rencontres Benevity 2022

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Concept encore peu répandu en France en comparaison de l’Amérique du Nord, les communautés d’employés sont pourtant une tendance bien présente. On les appelle aussi ERG (employee resource groups) ou groupes d’employés et ils sont mis en place dans de plus en plus d’entreprises engagées.

Pendant les Rencontres Benevity, nous en avons discuté avec deux expertes : Jeanne Larour, Responsable du développement de communautés chez Makesense et Justine Tabarin, Senior CSR Global Manager chez Criteo. Voilà ce qu’il faut retenir de cette mouvance émergente de la mobilisation des employés.

Définir un cadre pour les communautés d’employés

D’après Makesense, « une communauté est un groupe de personnes uni par une vision (par exemple : faire de l’environnement un moteur de l’innovation) et des circonstances semblables (par exemple : travailler pour la même entreprise) et qui agissent collectivement dans un but commun ».

Ce qu’on retient de ces discussions, c’est que les communautés existent pour que l’impact solidaire soit l’affaire de tous. Ce « nouveau » modèle de gouvernance prône une approche plus inclusive de la RSE et redonne le pouvoir à tous et toutes pour faire avancer des causes importantes pour l’entreprise et toutes ses parties prenantes.

« C’est important quand on parle d’impact, parce que si on veut créer et provoquer ces changements sociaux et environnementaux, il faut réussir à embarquer tout le monde. Ce n’est pas que l’affaire de certains. Si on impose ces changements, ça ne fonctionnera pas ! Il faut que ce soit une aventure collective. Non pas des choix subis, mais co-construits avec les collaborateurs. »
 Jeanne Larour,Responsable de communautés, Makesense

 Pour ce faire, il faut créer un cadre. Voici les étapes que Makesense nous conseille de suivre :

  1. Identifier les personnes les plus passionnées et les plus investies. Elles deviendront les ambassadeurs des futures communautés. Le plus souvent, elles portent déjà à bras-le-corps des causes qui leur sont chères. Elles ne demandent qu’à avoir les moyens de poser des actions concrètes pour les défendre. Au sein des équipes, il s’agit donc de trouver les besoins communs et ce qui rassemble ces personnes.

  2. Créer des espaces de rencontre. Une fois les personnes identifiées, il faut créer le momentum et permettre de tisser des liens. On organisera un premier temps fort pour partager des valeurs communes et créer des premiers contacts.

  3. Structurer et outiller les communautés. Quand des personnes mobilisées sont prêtes à s’unir en faveur d’un enjeu, il faut leur donner les ressources pour le faire. Il faut aussi définir la raison d’être, la vision et les valeurs de la communauté ainsi qu’un cadre général pour la faire vivre : des rituels, de la documentation, des rencontres avec des objectifs précis, une définition des rôles claire, un processus d’onboarding des nouveaux membres, etc.

Trouver l’équilibre entre les enjeux personnels et la stratégie d’entreprise

 « Un collaborateur n’arrête pas d’être un citoyen quand il passe la porte de l’entreprise » : c’est probablement sur cette affirmation que repose le principe des communautés.

Mais alors où placer le curseur entre un mouvement organique émanant de la base et la bonne volonté individuelle… et la stratégie globale pour l’approche RSE de l’entreprise ? On a un élément de réponse avec Criteo et ses 7 communautés d’employés en place.

 « Les communautés ont toutes grandi d’une énergie qui émanait des collaboratrices et collaborateurs. Ce sont des groupes de personnes qui se sont réunis et qui ont commencé à réfléchir à ce qu’on pourrait mettre en place. Ils se sont structurés naturellement en communautés. Elles ont des actions qui leur sont propres (…) et elles sont aussi intégrées aux décisions stratégiques RSE de l’entreprise. Donc c’est bottom-up et top-down »
Justine Tabarin, Senior CSR Global Manager, Criteo

On s’accorde donc à dire que les communautés doivent répondre aux objectifs stratégiques de l’entreprise pour faire du sens bien qu’elles aient pour mission de remettre le pouvoir d’agir entre les mains des collaborateurs et collaboratrices. Les problématiques soutenues par les groupes d’employés doivent faire écho avec les défis du secteur et de l’entreprise dans laquelle ils se trouvent. L’entreprise doit aussi, à son tour, leur donner toute leur place dans les décisions stratégiques pour faire évoluer son approche RSE voire son positionnement dans son industrie.

Cet équilibre se trouve aussi dans la définition des rôles et la gouvernance des communautés. Nos deux panélistes s’entendent sur ce point. Bien que la structure des communautés soit horizontale, il est important d’identifier une personne qui anime (elle donne le rythme, fait les mises en relation, anime le réseau interne, etc.) et une personne qui donne une vision et a un poids au niveau de la direction (c’est ce qui permettra de co-construire le rêve de la communauté et d’apporter un soutien indispensable au plus haut niveau).  

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L’impact des communautés d’employés sur l’engagement et la rétention

Comment mesurer l’impact des communautés ? Ce n’est pas chose facile puisque les effets sont parfois impalpables et difficilement mesurables. Parmi les indicateurs à observer selon Jeanne Larour : le nombre de rencontres et les événements et les actions menés en collectivité. La communauté ne doit pas seulement exister, elle doit poser des actions concrètes.

Pour sonder les membres d’une communauté, ce qui importe est aussi de mesurer leur capacité d’action et la perception de leur légitimité sur des problématiques qu’ils portent. Sans équivoque, dans les entreprises où il y a des communautés, ces deux aspects évoluent positivement chez les membres. On constate aussi un plus fort sentiment de fierté et d’appartenance.

Par ailleurs, les communautés d’employés répondent aussi à un enjeu d’attraction et de rétention des talents et influencent significativement la marque employeur en interne comme en externe.

 « Les futurs talents nous posent des questions sur nos stratégies de développement durable et sur nos communautés en entretien. Et ce, au même titre que les questions liées au salaire, aux possibilités d’évolution ou aux missions. C’est de plus en plus présents ces dernières années et c’est comme ça qu’on peut évaluer que ce sont des sujets qui vont avoir un rôle sur l’attraction de nos talents »
Justine Tabarin, Senior CSR Global Manager, Criteo

À la question de savoir comment les outils – et notamment les plateformes – vivent avec les communautés, la réponse est apparue clairement : les deux sont des moyens et non une fin et doivent se compléter. Il y a en effet des cas de figure où l’outil est présent mais inutilisé ou mal utilisé, car l’effort préalable de mobilisation et d’animation des individus a été sous-estimé. Certaines fois, l’inverse se produit : l’outil est le moteur pour structurer l’engagement au sein de l’entreprise.

Il n’en demeure pas moins que l’outil est aussi un vecteur important en matière de structuration et de reporting : « une chose qui nous aide énormément, ce sont nos outils. Dès que tu as un outil, c’est plus facile de quantifier. C’est comme ça qu’on sait combien de personnes font partie de la communauté. Les plateformes d’engagement nous permettent aussi de savoir combien d’heures de bénévolat, combien de dons et combiens d’actions sont réalisés par nos collaboratrices et collaborateurs. Ce sont aussi des KPI qu’on mesure. », nous a expliqué Justine Tabarin.

Pour aller plus loin : comment Benevity appuie les Communautés d'employés ?

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Durant l’événement, nous avons pu entrer en profondeur dans l’organisation, la gouvernance et l’impact des communautés d’employés chez Criteo et au sein des entreprises que côtoie Makesense. Ici, nous avons tenté de vous résumer les principales bonnes pratiques et d’ouvrir la voie à plus de programmes de ce type dans vos entreprises. N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions.

Envie de poursuivre ces discussions et de les vivre en personne ? Soyez les premiers informés au sujet de la prochaine édition des Rencontres Benevity.